Après le turbulent IVème siècle, Delphes est entré dans une nouvelle phase d'essor au cours de la période hellénistique. Le sanctuaire panhellénique a reçu sa part du butin recueilli lors des campagnes d'Alexandre le Grand dans l'Est. Les rivalités des successeurs ainsi que des royaumes hellénistiques et des confédérations plus tard, ont souvent été reflétées également dans les offrandes votives précieuses, visant à surpasser l'un l'autre en prodigalité et en prestige.
Le danger des Galates et l'ascension de la Ligue Etolienne
La troisième décennie du IIIème siècle avant J.-C a trouvé les Etats hellénistiques épuisés par les combats constants et a fait surgir un grand danger pour la Grèce. La défaite et la mort de Lysimaque à la bataille de Kouropédion en 281 avant J.-C et l'affaiblissement de son état en Thrace a incité des tribus celtiques (Galates), qui habitaient en Pannonie, à descendre vers la Grèce, peut-être poussés par la famine.
Quand ils arrivèrent à la Grèce du Nord, leur corps militaire, composé d'environ 85.000 hommes, a été divisé en trois branches. La branche centrale, dont Brennus et Acichorius étaient les chefs, s'est dirigée vers la Grèce centrale, alors que les deux autres divisions ont marché vers la Macédoine occidentale et la Macédoine orientale et vers la Thrace respectivement. Les premiers raids ont cessé après suffisamment de pillage, mais Brennus et Acichorius ont organisé une autre campagne en 279 avant J.-C. Les Grecs coalisés ont essayé de les repousser aux Thermopyles. Brennus a utilisé un leurre et envoya une partie de sa force militaire à l'est, vers l'Étolie, afin de forcer les Étoliens qui défendaient Thermopyles à abandonner leurs positions.
Les Galates ont détruit Kallion, sur les frontières entre Eurytania et Étolie et ont commis des atrocités horribles, mais la résistance de l'ensemble de la population étolienne sur le site Kokkalia, où aussi les personnes âgées et les femmes et les enfants ont combattu, a donné un coup décisif à la menace gauloise. L'armée de la Gaule a été vaincue et le pillage de Delphes n'a jamais eu lieu. Au contraire, la Ligue Étolienne a renforcé sa position en Grèce continentale et elle a dominé Delphes pendant environ un siècle. Les Étoliens ont placé une stèle honorifique sur une base qui représente sans doute des pièces d'armure des Gaulois, alors qu'ils ont également érigé le dit "Portique des Étoliens» ou Portique occidentale, un des plus grands bâtiments à proximité du sanctuaire d'Apollon.
En signe de gratitude, ils ont été accordés le droit de participer à la convention amphictyonique. On organisait des jeux honoraires, les Sotéria, qui, en 246 avant J.-C. ont été rebaptisés "Soteria étoliens" et ilsse sont évolués en Jeux panhelléniques qui avaient lieu tous les cinq ans.
Les Attalides et Delphes
Un autre pouvoir hellénistique, qui a également acquis du prestige grâce à la défense mise contre les Gaulois qui avaient atteint le centre de l'Asie Mineure après leur défaite en Grèce étaient les Attalides de Pergame. En environ 241 avant J.-C. Attale Ier a inauguré la construction d'un portique monumental à l'est du sanctuaire d'Apollon. Une partie de l'enceinte sacrée a dû être démolie pour faire place à cette construction. Les Attalides ont également reçu le droit d'être les seuls qui pourraient ériger des ex-votos dans ce portique. Eumène II de l'autre part a été celui qui a fait construire le théâtre de Delphes avec des bancs de pierre vers 160 avant J.-C.
La guerre des Alliés
La puissance de la Ligue étolienne a inquiété les rois des autres Etats hellénistiques à part des Attalides, qui ont traité les Étoliens comme alliés visant à l'objectif commun de contrôler les Galates. Philippe V de Macédoine, désireux de mettre fin à la suprématie étolienne en Grèce centrale, a réussi de réunir plusieurs pouvoirs grecs et de commencer la dite Guerre des Alliés. Bien que la guerre n'a pas abouti à mettre fin à la présence étolienne à Delphes, il a eu comme conséquence un certain relâchement de leur contrôle sur le sanctuaire et l'oracle. Ainsi, en 213 avant J.-C., Sicyon, un membre de la Ligue des Achéens, ennemi de la Ligue étolienne, a demandé l'oracle pour obtenir des conseils sur la façon d'enterrer son roi mort, Aratus, et il a reçu une réponse disant que Aratus devrait être proclamé un héros.
Vers la fin du 3ème siècle avant J.-C., cependant, les rivalités entre les forces grecques ont pris une autre tournure, car la nouvelle puissance de Rome est entrée sur scène et a entrepris le rôle de régulateur dans la vie politique des Grecs. Le sanctuaire de Delphes prévoyait le rôle que Rome allait jouer et il se précipita à offrir de conseils positives, maintenant ainsi une position pro-romaine qui allait persister dans le temps.
Les ex-votos hellénistiques
Du point de vue artistique, le début du IIIème siècle a été caractérisé par un virage vers le réalisme. Le premier grand ex-voto hellénistique est la composition sculptée, à laquelle semblent appartenir la statue de Dionysos et celle de l'homme d'âge barbu (connu aussi comme le Philosophe), la figure d'une femme et celle d'une fille. Si ces statues ont vraiment formé un groupe, ils doivent avoir été consacrés par un prêtre de Delphes autour de 270 avant J.-C. Au cours du IIIème siècle, les figures robustes de la période classique ont donné leur place à des statues de petits enfants, comme celle du garçon tenant une oie avec les deux mains (un type amplement reproduit pendant l'époque hellénistique et romaine), la fille dans le type de "Petite Ourse" d'Artémis de Brauron et l'Amour endormi.
Texte-traduction: Dr. Aphrodite Kamara, Historien