L'Aurige de Delphes
© Ephorie des Antiquités de Phocide, Ministère de Culture et des Sports
L'Aurige de Delphes, ex-voto de Polyzalos, le tyran de la ville sicilienne de Gela, figure parmi les chefs-d'œuvre de l'art plastique de la période classique. La statue en bronze, qui fait partie d'une composition plus grande, a été consacrée par Polyzalos qui a remporté la victoire à la course des chars aux Jeux Pythiques de 478 ou de 474 av. J.-C. Les fragments qui ont été trouvés près de la statue indiquent que l'Aurige dirigeait un char tiré par quatre chevaux, tandis qu'un garçon d'écurie accomplissait la composition. Il a été érigé à proximité du temple d'Apollon, où il est resté jusqu'à sa destruction, probablement par le tremblement de terre de 373 av. J.-C.
L'Aurige, dont seulement la main gauche manque, porte une longue tunique en draperie riche, attachée en haut, sous la poitrine, avec une ceinture qui se replie à l'arrière. Dans sa main droite, en dehors des brides existantes, il tenait aussi un fouet cylindrique. Ses pieds nus s'appuient fermement sur le sol et sont rendus en plein détail, ce qui renvoie au sculpteur de bronze Pythagore de la ville de Rhegion (qui était pourtant né à Samos); Pline écrivait qu'il pouvait rendre même les veines sous la peau.
Le jeune visage se caractérise par des lignes austères sur le nez et des sourcils. Les lèvres sont couvertes par une feuille de cuivre rougeâtre et à l'arrière, entre les lèvres charnues qui pondent entrouvertes, on peut vaguement discerner quatre dents d'argent. Ses yeux sont incrustés d'émail blanc pour le globe oculaire, de pierre brun et noire pour l'iris et la pupille. Le regard est rempli d'intensité modérée, de simplicité et de sérénité victorieuse. Les cheveux sont rendus plutôt avec des incisions qu'en relief et ils sont détenus par une large bande avec un méandre en argent et cuivre. La statue entière vibre avec un léger mouvement hélicoïdal vers la droite.
En dehors de Pythagore, l'Aurige a été également lié à l'œuvre de Critias ou Kalamis, mais les données existantes ne permettent pas une identification certaine avec un des artistes bien connus. Il constitue un chef-d'œuvre de la sculpture grecque, avec des caractéristiques qui le constituent profondément humain et spirituel, évoquant un charme qui touche les racines de la civilisation occidentale et les parties les plus profondes de l'âme humaine.
C’est pour cette raison que les nouvelles sur sa découverte au cours de la Grande Fouille ont été répandus dans le monde entier, évoquant des frissons au-delà de la curiosité purement scientifique.
C'est pour cette raison que les nouvelles sur sa découverte au cours de la Grande Fouille ont été répandues dans le monde entier, évoquant des frissons au-delà de la curiosité purement scientifique.
Texte : Dr. Athanase Sidéris, Archéologue
Traduction : Dr. Aphrodite Kamara, Historienne